Anastriana Admin
Messages : 42 Date d'inscription : 19/02/2009 Localisation : Roc'han, terres de Coëtlogon
Feuille de personnage Nom du personnage IG: Anastriana Village d'habitation: Rohan
| Sujet: Lugnasad 1457, d'une Grenouille, et trop de chouchenn Ven 31 Juil - 5:40 | |
| Ana titubait dans les jardins du château. Elle avait bu bien plus que de raison, après avoir appris le décès de Guillaume. Une bouteille à la main, et tenant Morvac'h par la bride de l'autre, elle était ainsi revenue à pieds de Rohan, se voyant dans l'incapacité la plus totale de pouvoir monter sur le grand irlandais. Lugnasad... Elle aurait dû se rendre, certainement, ou plutôt, raisonnablement, à la cérémonie prévue par Chimera à Fort La Latte. Ben oui mais non. Non, non, et même que re-non! Le druidisme prenait une tournure qu'elle avait fuie bien des années plus tôt. Et à chaque nouvelle fête, elle riait de loin, de l'image "folklorique" que certains des soi-disants garants de la culture celte montraient aux bretons. Et ce qui devait être la plus joyeuse des fêtes celtes, devenaient chaque année, de plus en plus, une cérémonie pompeuse, rasoir à souhait. Et elle, que faisait-elle, pour changer cet état de fait? Rien. Moins que rien, ce qu'elle devenait en général. tout juste bonne à dégueler son amertume, sur qui voulait bien se salir. Où était donc passé le temps où elle disait ce qu'elle pensait à tous? Où elle revendiquait ses idées, les soumettait, les argumentaient? Quelle force l'avait quitté? Un parasite sournois s'était infiltré en elle, il s'était glissé, années après années, discrètement, sans bruits... Pour répandre son immonde affection, qui faisait de vous une personne blasée, aigrie, à jamais nostalgique d'une époque révolue, à jamais réactionnaire, sans plus jamais rien accomplir, sauf en bonnes paroles proférées ici et là.
Elle en était là de ses réflexions chouchennisées, lorsqu'elle parvint aux jardins. Plutôt que ce soit elle qui tenait Morvac'h par la bride, c'est plutôt lui, qui la maintenait debout. Elle leva la tête, le ciel était sans nuages aucun, les étoiles recouvraient la voûte céleste comme un millier de braises flottant dans les airs. La tête lui tourna, elle lâcha la bride, et se laissa choir sur son seigneurial postérieur.
Devant elle, le grand bassin miroitait les lumières des astres. Les nénuphars à la surface, avaient refermé leurs immenses fleurs blanches, dans le fond, les poissons devaient eux aussi profiter de la quiétude de la nuit. Ils n'avaient sans doute pas prévu, un réveil nocturne, par la maitresse des lieux, arrivée imbibée comme un mouchoir de vieil enrhumé, les idées noires, et la gorge encore trop sèche de ne pas avoir encore tout à fait assez bu. Ana lève les yeux vers le ciel, et arbore un rictus étrange, déformé par l'alcool:
"Guillaume, t'as vu? Je me suis pas mangé le ruisseau... J'ai pas fini dans le puits non plus... Dis, tu t'souviens, quand on se réveillait le matin dans l'fossé, encore la main sur la bouteille?"
La jeune femme rit, enfin ça ressemble à un rire...
"Tu sais, j'aimerai bien que tu m'écrives, de là-haut. Que tu me dises comment c'est, tout ça. Que je sache. Pour plus tard."
Elle porte la bouteille à ses lèvres.
"T'aurais pu m'attendre quand même. J'ai l'air de quoi maintenant. D'une vieille, encore plus seule qu'avant, et encore plus con. Remarque pour la connerie, j'étais déjà bien avancé, de base, faut dire!"
Elle regarde le bassin, et s'en approche, en rampant.
"Petits poissons! Venez les poissons! Faut boire, à la santé de mon ami!"
Elle verse le nectar alcoolisé dans le bassin.
"Vous verrez, c'est du bon."
Diantre. Une bête verte, saute d'une feuille d'un des nénuphars, et se pose sur le bord. Qu'elle est moche. Elle a l'air gluant... Et en plus, elle te regarde Ana. elle a un drole d'air. Méfiance. Elle en veut sûrement à ta bonne bouteille!
"Oust, sale bête! Viens pas voler mon nectar, il est à moi, et à mon copain Guillaume!"
La jeune femme sert contre elle le liquide tant chéri, et se couche, dans l'herbe froide d'une nuit d'été. Pour sûr, ce lugnasad, elle s'en souviendra. Sa tête surtout, et ptêt bien son estomac et ses tripailles. Morvac'h se couche près d'elle, lui offrant sa chaleur. Sans lui, que ferait-elle...
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Le lendemain matin, Ana se réveille, bouche pâteuse, pieds engourdis par le froid... Elle regarde autour d'elle, petit instant de brouillard, puis ça s'éclaircit. Diantre, la voici dans les jardins de Coëtlogon, c'est du propre. Elle s'appuie sur Morvac'h, qui est resté près d'elle. Elle regarde dans sa main droite, et s'aperçoit qu'elle tient toujours les restants d'une bouteille. Et pas d'la plus mauvaise... Elle se tient debout, ou presque. ça chancelle, mais on tient le coup. Devant elle, le grand bassin aux nénuphars, s'éveille, offrant au soleil, ses grandes fleurs ouvertes. Ana s'approche, quelque chose l'intrigue. Sur une des grandes feuilles est posée une petite chose verte et inerte. Une grenouille morte, est étendue, petite chose fragile, rappelée auprès de Doué.
Dans le silence d'une première matinée du mois d'août, Ana, la petite grenouille entre les mains, pleure, ses larmes, se mêlant à l'eau du bassin. Toutes les créatures de Doué, méritent quelque peine à leur disparition... Si petites et moches soient-elles. | |
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